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Le barbouze se rebiffe

mercredi 25 juin 2008

Patrick Baptendier. Gendarme devenu détective privé, il a frayé avec les services secrets et a connu la prison. Il révèle les dessous crapoteux de la guerre économique.

« J’ai dit ce que j’ai fait, d’autres devront le faire. » Toujours droit dans ses bottes, notre ancien gendarme devenu détective privé. Il a l’élocution militaire, concise, sans mot en trop. Avec toutefois ce leitmotiv, « bouger les lignes », qui fait surgir l’électron libre. Il l’utilise une bonne dizaine de fois, souvent pour illustrer sa problématique de la ligne jaune - la franchir ou pas. En la matière, Patrick Baptendier est un expert

Ecrivain par nécessité, parce que devenu tricard dans le milieu, il balance, dans Allez-y, on vous couvre ! (Editions du Panama), les dessous de la nouvelle barbouzerie économique, cette sale manie qu’ont désormais les capitaines d’industrie et les ténors de la finance de s’espionner les uns les autres. Car le business, c’est la guerre. « Ces gens en costume », comme il dit, ne peuvent plus se passer de la présence d’ex-policiers ou gendarmes, lesquels vont s’abreuver auprès de leur ancienne maison, à la recherche de boules puantes qu’ils monnayeront au mieux. Beaucoup ne vont pas apprécier le bouquin.

Baptendier, on le sentait venir, est fils de gendarme. Gamin, il en a vécu « les contraintes inhérentes, déménagements, horaires décousus ». N’a manifestement pas été dégoûté. A la sortie de l’école nationale de Châtellerault - « neuf mois, une grossesse » -, son bon classement lui laisse le choix de l’affectation, dans sa région parisienne. Ce sera Clichy-la-Garenne, pour « des années pleines de shit, d’héroïne et de cocaïne ». Il se passionne pour l’enquête judiciaire, « ce pour quoi je suis entré en gendarmerie : arrêter du voyou. » Il a connu l’accueil dans les cités avec jet de divers appareils électroménagers du haut des immeubles. « On casse des portes à 6 heures du matin, des gens hurlent. On n’enlève qu’un verre d’eau dans la mer des trafics, mais notre seule présence permet de faire bouger les lignes. »

Patrick Baptendier se distingue par la qualité de ses relations avec des indics, des toxicos qui de temps en temps lui balancent un dealer. « J’ai toujours mouillé ma chemise pour mes indics », sauf quand l’un d’entre eux a un jour le geste de trop, frappant un collègue : « Je ne suis pas assistante sociale, mais je comprends la détresse. »

Voir en ligne : liberation.fr