Accueil > Actualités > L’Algérie peut-elle gérer activement ses réserves de change par la création de fonds souverains (...)

L’Algérie peut-elle gérer activement ses réserves de change par la création de fonds souverains ?

mardi 22 juillet 2008

Selon Abdelhamid Temmar, ministre de la Promotion et de l’Investissement, dans une déclaration vague, l’Algérie peut créer immédiatement un fonds souverain. Plus précis, Abdelatif Benachenhou ancien ministre des Finances, 20% des réserves de change suffisent pour le lancement d’un fonds d’investissement souverain, orienté vers l’internationalisation de Sonatrach, 30% de ces réserves devront rester entre les mains de la Banque d’Algérie et 50% devront aller au financement de l’économie.

Plus prudent, pour Chakib Khelil, ministre de l’Energie et des Mines, un fonds souverain est souhaitable mais seulement dans cinq années. Récemment, début juillet 2008, au forum d’El Moudjahid, des experts préconisent « au lieu d’aller au chevet des entreprises étrangères, il faudrait mieux les investir localement ». Allant dans le même sens, pour le ministre des Finances, Karim Djoudi, avis partagé par la Banque centrale d’Algérie et récemment par le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, à court terme, cela est risqué et le moment n’est pas opportun. Actuellement, et il est toujours utile de le rappeler, les réserves de change de l’Algérie sont affectées sous forme de placements en bons de Trésor américains et dans certaines banques internationales bien cotées dites AAA. Cette option est jugée actuellement du fait du dérapage du dollar par rapport à l’euro depuis 2000 de plus de 55%, amenuisant d’autant la valeur globale reconvertie en euros, le montant global en dollars dépassant les 50%, donc peu rentable et peu efficace, sachant que les taux d’intérêt qui y sont appliqués ne dépasseraient pas les 2%. D’autant plus qu’à la différence des pays asiatiques et des pays pétroliers s’approvisionnant au sein de la zone dollars, les importations algériennes avoisinent 60% en euros. C’est face à cette polémique que je propose d’analyser sommairement les fonds souverains.

1.-Depuis la fin des années 1990, et cela s’accélérera durant les deux premières décennies du XXIème siècle, l’internationalisation du capital en tant que rapport social entraîne un changement notable du rôle des Etats qui demeure central dans une position nouvelle face au marché : retrait généralisé de l’Etat de la sphère économique concurrentielle, retour en force de l’Etat dans la régulation de l’économie. Cependant, nous assistons à une déconnexion de la sphère réelle et financière, entre la dynamique économique et la dynamique sociale avec donc une financiarisation croissante. Face à cette situation, les fonds souverains, dont le premier a été créé au Koweït en 1953, sont aujourd’hui en passe de devenir une nouvelle catégorie d’acteurs de la globalisation financière notamment des pays pétroliers. Un fonds souverain (Sovereign Wealth Funds), ou fonds d’Etat, est un fonds de placements financiers (actions, obligations, etc.) détenu par un Etat. Les fonds souverains gèrent l’épargne nationale et l’investissent dans des placements variés (actions, obligations, immobilier, etc.). Dans une acception restreinte, ils désignent spécifiquement « les avoirs des Etats en monnaie étrangère ». Dans une acception plus large, ils désignent tous les fonds d’investissement détenus par un Etat tirant leurs ressources des banques centrales (Chine) des réserves pour les retraites (Norvège) ou des recettes des hydrocarbures (Norvège, Russie, pays du Golfe). En fait, il n’existe pas une définition généralement acceptée des fonds souverains. Dans une acception large, il convient de considérer un fonds souverain comme étant un fonds de placement international de l’épargne nationale principalement dans des actions et obligations et appartenant à des Etats ou aux banques centrales de ces Etats. Leurs actifs sont évalués, début 2008, à environ 3 000 milliards de dollars US et pourraient atteindre 12 000 milliards de dollars horizon 2015, soit plus de 10% de l’argent en circulation sur la planète, le marché des capitaux étant actuellement de 50 000 milliards de dollars, selon une étude du cabinet Morgan Stanley. Il existe actuellement environ 40 fonds souverains mais leur nombre s’accroît d’année en année. Ainsi , je ne citerai que Abu Dhabi Investment Authority (créé en 1976, Emirats arabes unis), avec Saeed Mubarak Al Hajeri, formé dans les plus grandes universités américaines, de Havard dirige la Abu Dhabi Investment Authority, dont le montant est estimée à plus de 943 milliards de dollars ; Government Pension Fund-Global (1990, Norvège), Government of Singapore Investment Corporation (GIC) (1981, Singapour), Reserve Fund for Future Generation (1953, Koweït), China investment Corporation (2007, Chine), Stabilisation fund (2004, Russie, )- Temasek Holdings (1974, Singapour) et Qatar Investment Authority (2005, Qatar ).

Voir en ligne : lanouvellerepublique.com