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Le spectre de la cyberguerre hante-t-il notre monde ?

mercredi 28 mai 2008

Après des tentatives censées venir de Chine, après les attaques de 2007 contre l’Estonie qui avaient paralysé une bonne partie des services de ce pays, très dépendant d’Internet, la cyberguerre revient à l’ordre du jour comme nous l’annoncions.

Premier indice : l’Otan vient d’ouvrir à Talinn un centre d’entraînement et d’assistance pour les pays qui se retrouveraient dans le cas de l’Estonie. C’est le second centre de l’Organisation consacré à cet objectif.

Parallèlement, selon le magazine Wired, le thème de la cybersécurité devient une priorité pour le Darpa, l’agence américaine de défense à l’origine d’Internet, mais aussi de projets comme la Total Information Awareness pour lutter contre le terrorisme. Il s’agit cette fois d’une initiative de sécurité nationale, parfois présentée comme l’équivalent pour la sécurité numérique de que fut le projet Manhattan pour la sécurité atomique. Il s’agit d’une part de sécuriser toutes les données numériques passant par les agences fédérales et d’autre part, de crer un "National Cyber Range", sorte d’environnement virtuel destiné à l’entraînement où l’on simulerait des cyberguerres comme on fait des manœuvres sur le terrain. L’idée d’un adversaire tenant de provoquer un "Pearl Harbour informatique", très à la mode il y a une dizaine d’années et passablement éclipsé par la "Guerre globale contre le terrorisme", semble redevenir d’actualité.

Troisième signal fort :l’initiative Impact (International Multilateral Partnership Against Cyber-Terrorism), une organisation internationale de vingt-six pays dont Royaume-Uni, la Russie, l’Australie, le Canada, le Japon... Il s’agit cette fois de faire coopérer les secteurs privés et publics pour lutter contre le cyberterrorisme.

La multiplication de ces initiatives reflète une véritable préoccupation face à des facteurs convergents :

1) Des affaires d’intrusion sur des réseaux officiels américains venues de serveurs chinois (ce qui a pu difficilement se faire sans au moins le consentement passif des autorités) : mais il serait sans doute plus juste de parler de tentatives d’espionnage.

2) La (relative) paralysie qu’a subi l’Estonie engagée dans un conflit symbolique avec la Russie (l’affaire de la statue du soldat russe retirée par les autorités locales). Là encore, il faut relativiser : personne n’est mort dans cette prétendu guerre. Il s’agissait en fait d’un gigantesque "déni de service" qui a paralysé des services, produisant un gêne très importante et des pertes financières conséquences, mais rien d’autre. Resterait à savoir comment interpréter la chose : comme un coup de semonce des Russes contre des ex alliés indocile ? un test ? une punition symbolique ? une message envoyé aux alliés de l’Estonie très pro occidentale ?

3) la prolifération des affaires de cybercriminalité notamment par des ordinateurs zombies.

Voir en ligne : huyghe.fr