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Le cyberentrepreneuriat : l’entrepreneuriat de la nouvelle économie

lundi 21 septembre 2009
Article posté par

Mohamed SEMMAE
Lauréat de l’ENCG Tanger
Président du Groupe Estudiantin National pour l’Innovation et l’Entrepreneuriat - GENIE Maroc
www.semmae.com
msemmae@gmail.com

Introduction

L’entrepreneuriat occupe actuellement une place d’ordre stratégique à travers le monde et constitue un enjeu économique et social important. Ce champ demeure assez dynamique et en perpétuelle relation avec l’environnement et ses mutations en particulier le développement technologique et la dématérialisation de l’économie.

Les différentes interactions entre les nouvelles technologies et les pratiques entrepreneuriales font dernièrement émerger de nouveaux concepts plus particulièrement le cyberentrepreneuriat. Le cyberentrepreneur crée son entreprise en se basant essentiellement sur l’utilisation de commerce électronique, dont les activités principales reposent sur l’exploitation des réseaux basés sur les technologies Internet, les intranets et les extranets (Bret et Champeaux, 2000).

De ce fait, il nous paraît d’ordre crucial de pencher sur un certain nombre de points à travers cet article en particulier le concept de l’économie de savoir ou la nouvelle économie ensuite nous mettons en relief la notion du cyberentrepreneuriat avant de conclure avec les caractéristiques de ce type d’action entrepreneuriale.

Concept de l’économie de l’information

Au fil du temps, l’information a constitué l’élément clé de développement des pratiques managériales à travers les modes de sa collecte, son traitement, sa centralisation et sa diffusion.

Dès lors, L’évolution spectaculaire de l’utilisation de l’information est largement expliquée par la généralisation des technologies d’information et de communication, celles-ci ont radicalement changé notre perception du monde ainsi que nos manières d’agir.

Ainsi, les spécialistes qualifient cette nouvelle ère de la nouvelle économie ou l’économie de l’information dans laquelle le savoir et l’information constituent les pierres angulaires de chaque développement et les ressource stratégiques les plus importantes.

Le concept de la nouvelle économie est apparue pour la première fois en 1995 notamment à travers l’article de Business Week « new thinking about the new economy », cette période coïncide avec le développement des outils informationnels et technologiques au monde notamment aux États-Unis où l’économie de savoir acquiert des dimensions très avancées.

Selon Shepart (1997), la nouvelle économie est donc le fruit de deux facteurs :
- La globalisation des marchés : celle-ci est manifestée par l’émergence du concept proposé par François Bourguinat dans son ouvrage l’intégration financière, des 3D à savoir déréglementation, dérégulation et décloisonnement. Ce contexte permet alors un élargissement des frontières territoriales à travers des facilités d’accès à des marchés plus lointains aux marchés originaux des entreprises ainsi que la promotion de l’initiative privée dans une économie de marché.
- La révolution des technologies d’information : le développement des outils de communication en particulier l’internet ont permis une meilleure circulation de l’information favorisant ainsi une efficacité aux entreprises pour gérer leurs marchés dispersés à travers le monde.

Donc, on peut retenir de la nouvelle économie l’importance de l’information qui devient de plus en plus complexe lorsqu’il s’agit de sa protection des utilisateurs concurrents mais elle est devenue de plus en plus valorisée grâce au développement des technologies de l’information et de communication.

Notion du cyberentrepreneuriat

Les recherches sur l’entrepreneuriat se sont essentiellement penchées sur les modèles d’affaires traditionnels basés sur des activités à existence géographique bien localisée. Or, Les créations d’entreprises virtuelles communément appelées le cyberentrepreneuriat demeurent encore un phénomène en émergence et on est également mal informé du cyberentrepreneur et des caractéristiques de son profil entrepreneurial en particulier dans des pays émergents tels que le Maroc dont l’entrepreneuriat dans son ensemble constitue un phénomène qui s’est récemment émergé.

Shalman (1999) pense que la nouvelle économie permet de favoriser les comportements entrepreneuriaux, car on assiste à « une nouvelle donne » : les barrières à l’entrée se sont devenues quelque peu estompées et les sources d’investissement sont nombreuses et accessibles.
Le cybernentrepreneuriat est alors caractérisé par l’émergence des nouvelles modes d’entreprendre à travers l’espace, le temps, l’objet, le canal et les parties prenantes. L’introduction de la variable des TIC permet de redéfinir l’équilibre concurrentiel dans les marchés et favorise fortement les idées et les compétences comme source d’avantage concurrentiel (AICGS, American institute for contemporary grman studies, 2002).

Caractéristiques du cybernetrepreneuriat

La transition vers l’économie de savoir et de l’information oblige les entreprises à revoir leurs pratiques traditionnelles et à tirer profit d’outils informationnels puissants leur permettant d’effectuer des transactions commerciales à une échelle beaucoup plus vaste, de nouveaux partenariats et réseautages avec leurs clients et leurs fournisseurs, de mettre en place de systèmes de veille facilitant la détection de novelles occasions d’affaires et d’innovations (Raymond, 2000).

De ce fait, des créations d’entreprise à potentiel technologique et innovant élevés sont de plus en plus omniprésents dans le monde. Ces pratiques et comportements sont liés vraisemblablement au fait que l’innovation et notamment l’innovation technologique est devenue un levier principal de la compétitivité des nations et des entreprises (Fayolle, 2001).

L’innovation est alors l’instrument spécifique de l’entrepreneur. Shumpeter (1935) souligne à quel point la fonction d’innovation est essentielle et fait de l’entrepreneur le vecteur même de développement économique. La pensée économique contemporaine confère également à l’innovation un rôle primordial dans la création de richesses, à travers les opportunités qu’elle autorise (Drucker). Les entrepreneurs doivent donc rechercher les sources d’innovation, les changements et les informations pertinentes sur les opportunités créatrices (Fayolle, 2001).

Des auteurs considèrent que la nouvelle économie favorise l’esprit entrepreneurial générée par les opportunités de réussite et par un déterminisme partiel inhérent aux secteurs d’activités émergents.

Les interrelations entre l’information, les technologies d’information et de communication ainsi que l’esprit entrepreneurial font émerger une problématique de taille concernant les caractéristiques du profil du cyberentrepreneur.

La littérature en entrepreneurial n’a pas accordé assez de plumes à ce sujet malgré son importance et son développement sur le terrain. Notre essai concernera la présentation de quelques études effectuées en Europe et aux Etats-Unis en absence des études réalisées au Maroc, un sujet qui sera développé dans une prochaine étude exploratoire du profil des cybernetrepreneurs marocains notamment au nord du royaume.

Selon une étude réalisée par Blais et Toulouse (1992), les entrepreneurs technologiques possèdent des caractéristiques particulières. Cette étude démontre qu’il s’agit des individus dont la moyenne d’âge est d’environ 30 ans au moment de la création de leur entreprise. Ayant complété des études universitaires avancées, ils ont aussi acquis une excellente expérience de la technologie qu’ils utilisent. Sur le plan des traits personnels, ils semblent empreints d’une passion remarquable par leur technologie tout en étant des innovateurs résolus.

Cette étude permet également de révéler que les cyberentrepreneurs se distinguent par l’acuité de leur perception des besoins de marché ainsi qu’une vision à long terme de leur activité.

En revanche, s’agissant du processus de création de la cyberentreprise, des études démontrent la difficulté de réduire ce processus à une succession d’étapes et d’en faire un modèle universel. L’étude réalisée par Raymond, Carrier et Eltaief en 2002 permet de situer le processus de création de la cyberentreprise dans 6 phases :
- Emergence de l’idée d’affaires ;
- Analyse des besoins du marché ;
- Identification de l’occasion d’affaires ;
- Etude de faisabilité ;
- Recherche de soutien ;
- Création de l’entreprise.

Les auteurs permettent d’illustrer ce processus à travers le schéma suivant :


Source : C. Carrier, L. Raymond et A. Eltaief, « le cyberentrepreneuriat : une étude exploratoire », p. 17

Conclusion

La création des entreprises dites virtuelles constitue le phénomène phare de l’entrepreneuriat du 21ème siècle. L’avènement de ce type des pratiques peut participer favorablement à la lutte contre le chômage des jeunes diplômés puisqu’elles ne nécessitent pas des moyens de lancement d’activité considérables.

Cependant, la réussite de ce genre d’initiatives est largement tributaire de l’importance accordée aux outils technologiques et informationnels au sein d’un pays à travers une législation qui protège et favorise la création de l’entreprise « virtuelle » ou le e-entreprise.
Au Maroc, les pratiques du cyberentrepreneuriat sont encore faibles et limitées à des cas isolés des personnes ou des entreprises. Le pays devra alors prendre conscience de l’importance des TIC pour son développement par une politique Etatique de promotion de la cyberentreprise à travers des avantages accordés à ses créateurs.

Références bibliographies :

- Bret C. et Champeaux J. (2000), « La cyberentreprise : dix clés pour une approche intégrale des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans l’entreprise », Paris, Dunod, 2000.
- Drucker P., « Les entrepreneurs », Paris, L’Expansion – Hachette, 1985.
- Dubé L. et Paré G., « Les technologies de l’information et l’organisation à l’ère du virtuel », Revue internationale de gestion, 2002.
- Fayolle A., « Entrepreneuriat : Apprendre à entreprendre », Dunod, 2004.
- Rifkin J., « L’Age de l’accès : La vérité sur la nouvelle économie », La découverte Poche, 2005.

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Mohamed SEMMAE
Lauréat de l’ENCG Tanger
Président du Groupe Estudiantin National pour l’Innovation et l’Entrepreneuriat - GENIE Maroc
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